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Félix LLANOS 
 

Le 29 mars 1913 : naissance de Félix LLANOS à Cienfuegos de Cuba.

4 ans plus tard, sa famille revient dans les Asturies (Espagne).

Maître d’école à Trubia, il devint alors un militant actif de la ATEA-UGT, syndicat de défense des enseignants asturiens. Il fut également élu au Comité des Asturies du Parti Communiste espagnol.

Son engagement pour la démocratie et la République fut total. Révolte en 1934 des travailleurs des Asturies, combats en 1936 contre la sédition militaire de Franco : Félix LLANOS participa à toutes ces luttes. 

Le 24 septembre 1936, le Comité de Guerre de Gijón proposa l’édition d’un journal unique représentant toutes les organisations du Front populaire (PSOE, PCE, JSU, UGT, FAI, CNT et le Parti de la Gauche Républicaine). Félix LLANOS fut désigné pour représenter le PCE. 

Du fait de dissensions internes, ce journal ne put voir le jour le 1er octobre 36 ainsi que prévu. Le Parti socialiste et les anarchistes étant les deux organisations majoritaires à Gijon, le PCE dut quitter la ville. Félix LLANOS fonda un nouveau journal : « Milicias », édité d’abord à Llanes puis à Covadonga. 

En janvier 1937, nouvelle tentative unitaire : création d’un Comité Provincial d’Unité des Partis Socialiste et Communiste ; chaque parti étant représenté par 3 délégués. Félix LLANOS fut l’un des 3 délégués représentant le PCE. 

Mais le front républicain du Nord, malgré une résistance héroïque, est écrasé le 21 octobre 1937 par les fascistes. 

Félix LLANOS doit alors s’enfuir dans la montagne avec un petit groupe de républicains (José TUÑON, Mario HUERTA, et le « cubain », non identifié). Il y restera plus d’un an, menant une vie de fugitif, connaissant le froid, la faim, les averses, la fatigue, sans compter le danger permanent, la saleté…..

Le 31 décembre 1938, il quitte le maquis pour rejoindre clandestinement la ville de Gijon. Il y reste caché durant 7 mois. 

Le 4 août 1939, grâce à des filières clandestines composées principalement de femmes, il peut rejoindre la France. (en septembre 1939, suite à une infiltration policière, ces filières ont été démantelées par les franquistes avec l’arrestation de 102 militants clandestins. Maruja CAMBLOR, qui en était la responsable, fut condamnée à mort. Cette sentence fut commuée en 30 ans de prison) 

Le 3 septembre 1939, sans papiers, sans contact avec personne, sans un sou, sans adresse, il fut emprisonné à Bayonne et condamné à 45 jours de prison pour « entrée illégale en France », puis dirigé vers le camp de Gurs où se trouvaient déjà 30.000 républicains espagnols.

En janvier 1940, il fut transféré avec la 185eme Compagnie de Travailleurs Etrangers (CTE) à Montreuil-Bellay (Maine et Loire). Durant 3 mois, il y connut un froid terrible (- 26°C), un logement très mauvais, une nourriture moyenne et des conditions de travail déplorables. Deux fois, il fut enfermé dans une baraque transformée en prison.

Retour à Gurs en avril 1940. A la fin juin 1940, dans les jours précédant l’Armistice, des milliers de juifs et de communistes de Paris furent transférés dans le camp. Il profita de cette situation, et du désordre qui en résulta, pour s’évader ….en franchissant la grande porte de Gurs.

Il s’enfuit alors jusqu’à Bayonne. N’ayant pu embarquer sur le dernier bateau évacuant des réfugiés vers l’Afrique, il part à Biarritz. Après un bref séjour dans un refuge pour mutilés de la guerre d’Espagne, il décide de rejoindre Bordeaux où la présence d’un Consul permanent de Cuba pouvait lui être utile compte tenu de sa première nationalité.

A partir de cet instant, il connut le sort réservé, par les autorités françaises, aux réfugiés espagnols. Sans ressources matérielles, il s’en est sorti en faisant ce qu’on appelle de nos jours des «petits boulots».  

Sa situation matérielle devenant de plus en plus précaire, il part en août 1940 pour Orléans. Malheureusement, il y attrape une pleurésie qui l’immobilise alors quelques mois dans un sanatorium. 

En février 1941, il rejoint à nouveau Bordeaux sur ordre de la direction de la Résistance espagnole. Après plusieurs péripéties, il franchit la ligne de démarcation au début du mois de mai.

Le 5 mai, il se retrouve à Marseille. Il est alors pris en charge par l’organisation espagnole. Mille deux cent francs par mois : c'est-à-dire la faim et la misère.

Puis, toujours sur instruction de la direction clandestine, il se fait embaucher par l’Unitarian Service Committee (USC) dirigé par Noël FIELD. Cette couverture lui permit de mener à bien de nombreuses missions en zone « libre » tout en assurant sa situation matérielle.

Il dépendait alors directement de Carmen de PEDRO et de Jésus MONZON, responsables du PCE pour la zone « libre » et pour l’Espagne.

Le 2 septembre 1942, arrestation par la police avec « interrogatoires musclés » au commissariat.

Détention dans le fort de Vancia (avec tentative d’évasion), puis dans les prisons de Marseille et d’Aix-en-Provence où il fut condamné, par la Section Spéciale le 9 septembre 1943, à 4 ans de prison pour « activité communiste ». 

Le 15 octobre1943, il fut transféré à la Centrale d’EYSSES (Villeneuve-sur-Lot). Matricule : 2.387. Il y découvrit une Résistance déjà organisée parmi les détenus français. Une direction clandestine fut alors mise en place parmi les détenus espagnols (triangle de direction : Félix LLANOS, Miguel PORTOLES et Juan Antonio TURIEL). Il s’agissait de préparer une évasion collective de la Centrale. 

Le 19 février 1944, vers 17h30, déclenchement de l’insurrection. Les détenus, après s’être rendus maîtres des bâtiments de la prison, ne purent franchir le mur d’enceinte et les lignes de défense des GMR. Vers 23 heures, en constatant l’échec de l’insurrection, les espagnols se regroupèrent et organisèrent un dernier assaut du mirador nord-ouest. Le groupe, comprenant une dizaine d’hommes, était dirigé par Félix LLANOS. Après plusieurs tentatives, et faute de dynamite, ils durent également cesser le combat. En représailles, 12 Résistants français et espagnols furent fusillés.

Le 30 mai 1944, Félix LLANOS, et l’ensemble des détenus de la Centrale, furent remis par les autorités de Vichy aux SS de la Division Das Reich pour être déportés à Dachau (Convoi du 20 juin 1944).

Dans le camp, portant le matricule 73.683, Félix LLANOS put, avec l’aide d’un Kapo allemand, ancien volontaire des Brigades Internationales, être affecté au Kommando «Transport II». Cette tâche lui permit de se déplacer dans le camp et de détourner du charbon ; charbon qu’il échangeait, contre de la nourriture, aux éléments corrompus de l’administration du camp. Ce qui lui permis de survivre et d’aider de nombreux camarades.

Il devint responsable de l’organisation clandestine des communistes espagnols du camp central de Dachau. A la Libération, il écrivit : « aucun camarade du Parti ne flancha, même si certains moururent et si beaucoup survécurent dans une misère affreuse. En effet, parmi nous, il n’y eut aucun cas de prostitution, de vol ou de mouchardage».

Il ajouta : « Mais je garde de Dachau un souvenir douloureux. Dans les yeux, je conserve encore les affreux spectacles du crématorium. Et je respire toujours la puanteur des blocks fermés…. 

Dachau m’a tué d’une mort lente. Dachau a détruit mon corps…... 

Mais le camp n’a pu ternir la pureté de ma conscience ».

Félix LLANOS est décédé en France, quelques années plus tard, des suites de sa déportation.