RÉSISTANCE EN AVEYRON

José Fombona, un des premiers résistants espagnols de l'Aveyron, décrit la lutte des mineurs espagnols depuis le début de l'occupation :

"...En janvier 1940, un groupe de 60 Espagnols arriva à Aubin et à Cransac pour travailler dans les mines.

Après l'armistice, notre premier acte de résistance fut le sabotage de la production de charbon. Nous faisions disparaître les marteaux perforateurs, les pelles, les pics, et les autres outils de travail en les enterrant dans les déblais. Les mineurs de fond diminuèrent la production totale des mines de moitié, et quand les Allemands arrivèrent dans la zone sud, la résistance était bien organisée.

Notre métier nous permettait de récupérer tous les jours des douzaines de cartouches de dynamite. A la "découverte" de Decazeville, le responsable de la poudrière était un camarade espagnol qui nous facilitait les choses. À Carjac (Lot), un groupe de travailleurs espagnols employés à la construction d'un barrage, nous envoyait aussi des cartouches de dynamite. Pendant le mois de juin de 1943, nous avions une bonne organisation et les points d'appui nécessaires pour passer à l'action. Nous avions un important dépôt d'armes à Caussade (Tarn et Garonne) et nous avions établi la liaison avec nos camarades français à Villefranche-de-Rouergue et Saint André-de-Najac.

En septembre, nous fîmes sauter le chevalet d'un puits de mine à Decazeville, paralysant l'extraction du charbon, et mîmes le feu à deux entrepôts de l'intendance allemands à Cransac et Aubin. Le 19, du même mois, nous fîmes exploser un poste à haute-tension de la centrale électrique de Viviez. Le 27 octobre, Enrique Aguado, Antonio Alvarez, Jésus Fraile et moi-même (José Fombona), nous fumes arrêtés et jugés par le Tribunal spécial de Montpellier : le 8 février 1944, Enrique Aguado et Antonio Alvarez furent acquittés. Par contre, Jésus Fraile et moi-même, accusés de sabotage, fûmes condamnés à deux ans de prison.

Les peines infligées ne furent pas sévères du fait que nos camarades poursuivaient les sabotages pendant le procès, ce qui facilitait grandement la tâche de nos avocats désignés d'office. "

José Fombona et Jésus Fraile furent transférés à la prison de Saint-Michel à Toulouse, et plus tard à la centrale d'Eysses (Lot-et-Garonne).

Extrait de l’ouvrage : Guérilleros en Terre de France

Edition : Le Temps des Cerises

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